Malgré une situation économie incertaine, les responsables de parc n’en doivent pas moins verdir les flottes et revoir leur car policy en 2023. C’est le cas chez Equans France, spécialiste des services multi-techniques (énergie, industrie et numérique), à la tête de 16 000 véhicules dont 8 000 VP (4 000 véhicules de service et 4 000 de fonction) et de 8 000 VU. Equans vise ainsi le 100 % électrique à terme, avec l’objectif de 100 % de voitures de fonction « vertes » d’ici 2026, comme nous l’avions détaillé dans un précédent article.

Chez AC Environnement, spécialiste des diagnostics immobiliers, les motorisations alternatives, l’électrique et l’hybride rechargeable, ont déjà rejoint les catalogues de véhicules pour les fonctions dirigeantes : cadres, services supports, responsables d’agence qui roulent peu. « Pour les cadres, nous avons abandonné les marques du groupe Volkswagen pour d’autres comme MG ou Kia », relate Marc Chavallard, responsable achats et logistique, aussi en charge des 500 véhicules en parc.

En mode alternatif

Une évolution plutôt bien perçue par les salariés concernés : « Nous basculons sur des véhicules propres comme ceux de Kia qui a une bonne image, mais aussi sur des modèles bien équipés et esthétiques. Nous changeons pour des marques qui ne sont pas moins chères mais avec un meilleur rapport qualité/prix. Côté motorisations, il n’y a pas réellement de “downsizing“ des puissances, expose Marc Chavallard. On ne peut pas comparer des Audi de 180 ch avec des Kia EV6 électriques de 300 ch. » Et surtout, ces nouveaux fournisseurs, asiatiques le plus souvent, présentent un atout de taille : « Ils proposent de meilleurs délais que les européens alors que les utilisateurs veulent un véhicule rapidement », reprend Marc Chavallard.

Chez AC Environnement, une cinquantaine de voitures de cadres sont des modèles hybrides rechargeables ou électriques, soit presque la moitié de cette population. « Nous commençons par ces populations en fonction des renouvellements et nous espérons d’ici deux ans des autonomies électriques suffisantes pour faire basculer nos opérateurs terrain », anticipe ce responsable des achats.

Chez le spécialiste des fournitures de bureau et des services généraux Lyreco France, la démarche reste assez semblable. « Pour la direction, nous avons choisi de passer 100 % de la flotte en électrique ou en hybride rechargeable », explique Philippe Cardoso, responsable des flottes, soit 1 100 véhicules dont 600 VP. Le parc de VP, employé par les commerciaux essentiellement, reste pour l’instant composé de modèles essence ou full hybrid.

La recharge en question

À noter que chez Lyreco, la mise en place de cette flotte de VP électrifiés va de pair avec le déploiement de bornes sur les sites du groupe, qui servent aussi à recharger les VU en cours d’électrification. Et ces bornes sont prévues aussi bien pour les véhicules professionnels que les voitures privées des collaborateurs. « Nous donnons accès à la recharge à prix coûtant pour nos salariés qui possèdent des voitures électriques. Et en fonction du succès de l’opération, nous déploierons plus ou moins vite ces bornes », projette Philippe Cardoso.

Mais ces VP électrifiés vont contribuer, tout comme les VU électriques, à augmenter les dépenses de la flotte. « Nous allons devoir travailler sur les usages, projette Philippe Cardoso. Demain, la solution sera peut-être celle du crédit mobilité en substitution à des voitures, ou celle de voitures plus petites associées à un crédit mobilité. Nous avons un projet mobilité sans a priori et nous sommes prêts à étudier toutes les solutions », avance ce responsable.

Au-delà de la maîtrise du budget de la flotte, cette démarche résulte de la volonté de Lyreco d’améliorer son bilan environnemental. « Il y a une volonté RSE forte, des objectifs ambitieux, des besoins et des salariés en interne à satisfaire. Nous sommes dans une triangulaire où il faut trouver le meilleur équilibre », résume Philippe Cardoso. Une problématique commune à de nombreux gestionnaires de flotte en 2023.

Les mobilités durables

Equans France réfléchit aussi à lancer le crédit mobilité et le forfait mobilités durables. Un projet qui est encore à l’étude : « Nous voulons être sûrs, avant de le lancer, que le déploiement se fait de la manière la plus vertueuse », souligne Hichem Bardi, le directeur de la flotte. Toujours dans le cadre de sa nouvelle car policy 100 % verte, Equans France offre à ses salariés d’adopter le vélo (électrique, musculaire ou cargo) en lieu et place d’une voiture de fonction. Les collaborateurs qui choisissent cette alternative douce pourront alors accéder à la formule Switch d’ALD, avec à la clé la possibilité de louer en complément un véhicule thermique pendant trente à soixante jours par an.

Si le verdissement des VP va bon train chez Equans France, l’affaire se corse avec les VU, « faute d’offre qui réponde à nos besoins », reconnaît Hichem Bardi. L’entreprise souhaite néanmoins à terme électrifier sa flotte de 8 000 VU. Aujourd’hui, elle envisage l’hydrogène qu’elle va tester. Sans avoir donc, pour l’instant, échafaudé de plan concret pour verdir ses VU. Equans France lancera bientôt ce test avec un seul véhicule hydrogène. « Il s’agira d’un Renault Master que nous allons essayer au sein d’une de nos agences pendant plusieurs mois, complète ce dirigeant. Nous communiquerons nos retours d’expérience au constructeur tous les quinze jours ou tous les mois ».

Ce problème de l’adéquation de l’offre de VU électriques face aux besoins des entreprises se retrouve aussi chez Lyreco qui s’appuie sur un parc de 320 VU et 140 poids lourds porteurs. Lyreco a d’ailleurs essayé « quasiment tout ce que peut offrir le marché en matière d’électrification », pointe Philippe Cardoso. Qui suggère une autre piste.

Une piste pour les VUL

Lyreco a en effet besoin de charge utile pour transporter ses produits à livrer. Mais actuellement, avec les VU électriques proposés sur le marché, une des questions qui s’impose au responsable de parc reste la perte sur cette charge utile en raison de l’intégration du poids des batteries.

« Nous sommes en quête de solutions avec les constructeurs sur ce sujet de la charge utile des VU électriques. Nous nous tournons donc vers des constructeurs qui ont la possibilité de détarer leurs véhicules, ce qui fait bénéficier d’un bonus de charge utile. Le véhicule passe alors d’un PTAC de 3,5 t à 3,9 t, ce qui compense le poids supplémentaire des batteries d’environ 400 kg, tout en maintenant la même charge utile, de l’ordre de 1,3 à 1,4 t, que sur un modèle thermique », détaille Philippe Cardoso. Or, jusqu’ici, tous les constructeurs ne permettent pas ce changement. « Certains ont compris et identifié ce besoin et proposent une solution : ils ont obtenu des autorités la possibilité de détarer les véhicules en passant à 3,9 t, tout en autorisant leur conduite avec un permis B », complète ce responsable. En attendant de futurs VU électriques plus performants.



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Frédéric Blin pour Floauto.com