La location courte durée cible différents types d’activité et intervient à une échelle internationale, nationale ou régionale. Dans ce cadre, la clientèle des entreprises permet d’équilibrer le fonctionnement des agences. Quand la clientèle « affaires » mobilise le métier tout au long de la semaine, la clientèle « loisirs » prend le relais au cours des week-ends et lors des vacances.

Autre complémentarité entre ces clientèles des professionnels et des particuliers, les agences situées dans les aéroports et les gares travaillent plutôt avec les entreprises, quand les agences de centre-ville attirent surtout les particuliers. « Depuis le covid-19, les volumes de locations en centre-ville ont chuté car les particuliers ont déménagé et pratiquent le télétravail », observe Guirec Grand-Clément, directeur général du loueur Enterprise et par ailleurs vice-président des métiers de la mobilité partagée de Mobilians, l’organisation patronale des métiers de la mobilité.

L’impact des pénuries

D’après les chiffres de Mobilians, entre 2019 et 2022, les ventes des constructeurs automobiles aux loueurs de courte durée ont reculé de 40 %. Une chute considérable et une tendance qui ne s’est pas encore inversée : entre 2021 et 2022, ces immatriculations ont diminué de 15 %. Les VUL ont souffert davantage avec un repli de 16 % entre 2022 et 2021, quand les VP ont fléchi de 5 %. « Depuis début 2023, nous observons un redressement, constate Guirec Grand-Clément. Des véhicules qui n’ont pas été livrés en 2022 le sont en 2023. »

Actuellement, d’après les loueurs de courte durée, les constructeurs ont davantage de véhicules à écouler. Au même moment, leurs volumes de commandes se sont contractés, ce qui rend la situation moins critique. « En 2021, explique Guirec Grand-Clément, les commandes reprenaient à un rythme plus soutenu. Les frontières se rouvraient et les touristes revenaient. Mais le marché n’était pas approvisionné à la hauteur de cette activité. La production s’est arrêtée et l’impact a été plus fort pour la courte durée que pour les autres canaux. Les constructeurs ont voulu maintenir leurs marges et protéger leurs réseaux ; ils ont donc produit les véhicules dont la valeur ajoutée était la plus élevée », poursuit ce responsable.

Face à la raréfaction des véhicules, les loueurs ont allongé les durées de détention. Et alors que la profession procédait traditionnellement à de nombreuses restitutions à la fin de la période estivale, des sorties de flotte plus importantes ont eu lieu fin 2021 et fin 2022. « Quand vous gardez les véhicules plus longtemps, que le taux d’utilisation se réduit, les frais de stationnement s’accroissent, tout comme les coûts de maintenance avec des immobilisations plus longues », déplore Guirec Grand-Clément.

L’envol des prix

Mobilians reconnaît de fait les hausses de prix des locations courte durée survenues lors des dernières périodes de forte demande. L’organisation professionnelle se justifie par l’augmentation des coûts liés aux flottes des loueurs. Non seulement les véhicules disponibles étaient moins nombreux, mais ils étaient aussi plus chers. « À l’été 2022, les prix ont fortement augmenté avant de se stabiliser début 2023 », note Guirec Grand-Clément. D’après Mobilians, le coût des véhicules a bondi de 25 à 30 % en 2022. D’autres facteurs ont pesé sur le prix des locations. Les frais alourdis de maintenance et d’immobilisation, évoqués plus haut, ont aussi fait pencher la balance. « Un véhicule de 40 000 à 50 000 km ne présente pas les mêmes pannes et frais de réparation qu’un modèle de 15 000 km », souligne Guirec Grand-Clément. Cela étant, les accords avec les constructeurs sont signés pour une année ou davantage ; un moyen de se prémunir à court terme contre les hausses.

Une situation incertaine…

Avec la baisse des volumes de véhicules neufs mis sur le marché et l’allongement des durées de détention, chacun des loueurs de courte durée négocie des délais de livraison avec les constructeurs. Aujourd’hui subsiste encore un manque de visibilité quant à la disponibilité des pièces détachées. « Des livraisons de véhicules ont été reportées du début à la fin de l’été dernier ou de 2022 à 2023, complète Guirec Grand-Clément. Nous travaillons sur des solutions logistiques avec les constructeurs et nos clients pour avancer ensemble. »

Les loueurs courte durée doivent donc encore faire face à une incertitude quant aux volumes de véhicules disponibles chez les constructeurs. Autre interrogation, la demande des sociétés d’assistance n’est plus aussi prévisible que par le passé. Si, lors de la pandémie, la location courte durée a été reconnue comme une profession essentielle à la préservation de la mobilité, la crise a été particulièrement violente dans le secteur. Chez Enterprise, 80 % des agences ont dû fermer. « La crise que nous traversons en ce moment n’est pas aussi importante », rassure Guirec Grand-Clément.

Autre tendance, la moyenne durée connaît un engouement. Les retards de livraison des véhicules en longue durée stimulent en effet la demande pour des véhicules-relais. « Tous les modes d’utilisation en faveur de l’usage et au détriment de la propriété sont recherchés, remarque Guirec Grand-Clément. Dans les agglomérations, les entreprises doivent pouvoir louer les véhicules pendant un mois. »

Le télétravail influe aussi sur les pratiques et sur l’activité des loueurs. Si des professionnels adoptent ce mode opératoire sans avoir déménagé et depuis leur domicile, d’autres ont changé de ville et reviennent au bureau un certain nombre de fois tous les mois. Le besoin d’un véhicule se fait alors sentir. « Nous constatons une hausse de notre activité avec les entreprises dans les centres-villes des grandes métropoles et dans les villes moyennes », pointe Guirec Grand-Clément.

… mais un optimisme raisonné

Dans l’immédiat, la profession de la courte durée affiche un optimisme raisonné. « Sur le dossier des ruptures d’approvisionnement, nous avons passé le plus dur, considère Guirec Grand-Clément. La situation s’améliorera au second semestre 2023. » Les gestionnaires de flotte attendent pareillement un retour de la fluidité dans les livraisons. Sur ce sujet, les responsables de parc et les loueurs courte durée ont des préoccupations identiques.



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Éric Gibory pour Floauto.com