« Chaque gestionnaire peut choisir les postes de dépenses qu’il souhaite inclure dans le calcul du TCO de sa flotte, rappelle d’emblée Marc Chavallard pour AC Environnement, une entreprise spécialisée dans les diagnostics immobiliers. Mais il est important de conserver les mêmes postes pour comparer efficacement ce TCO au fils des ans ». Ce responsable achats et logistique a aussi la charge de la gestion du parc de 500 véhicules. Mais si un calcul de TCO peut effectivement rester spécifique à une organisation, toutes les entreprises partagent un point en commun : les TCO évoluent à la hausse. Dans ce contexte, qui n’offre guère de perspectives d’amélioration en 2023, comment maintenir le niveau de dépenses sur le poste de la flotte ?

Cartographier les dépenses

À cette question, AC Environnement répond tout d’abord par une connaissance précise des coûts liés à l’exploitation de son parc. Un préalable indispensable pour traiter chacun de ces coûts. Dans le cadre de la gestion globale de l’ensemble des achats d’AC Environnement, Marc Chavallard élabore donc tous les ans un « mapping » pour toutes les familles de dépenses, dont celle du parc automobile et donc du TCO. « Dans cette famille, il y a plusieurs sous-familles : les loyers le carburant, les taxes, l’assurance, l’entretien, etc. », énumère ce responsable des achats.

Et dans un objectif de baisse des coûts, Marc Chavallard cible des actions successives sur chaque sous-famille. « Pour chacune, un gestionnaire de parc et un acheteur travaillent à optimiser les coûts », indique-t-il. Des actions ciblées qui sont rendues possibles par le choix de gérer les différents postes de dépenses en dehors des contrats des loueurs qui financent une bonne partie de la flotte. Pour l’essentiel, les 500 véhicules fonctionnent en effet en LLD, avec en outre une cinquantaine de Clio 2 places et de Twingo en LOA. « Mais dès 2016 lors de ma prise de fonction, la première initiative pour générer des économies à court terme a été de sortir l’assurance et les pneus des contrats des loueurs. Pour les pneus, nous nous sommes tournés vers l’enseigne Euromaster et pour l’assurance, nous sommes passés par un courtier », relate Marc Chavallard.

Les actions envisagées sur les postes de dépenses en 2023 permettent de projeter un objectif global de réduction des coûts de la flotte. « Nous voulons diminuer ces coûts en actionnant tous les leviers possibles et nous visons un gain de 150 000 à 200 000 euros », chiffre Marc Chavallard. Plusieurs actions ont déjà été menées à bien.

Le poste carburant

Sur le poste carburant, la baisse des coûts a été obtenue par un ensemble d’initiatives comme la restriction de l’usage des véhicules le week-end. « Nous avons également changé de prestataire de carte carburant, poursuit ce responsable. Nous étions jusqu’ici chez TotalEnergies. Après avoir sollicité plusieurs acteurs, nous avons opté pour DKV. » Avec la carte de ce prestataire, les conducteurs ont pu accéder à un réseau plus vaste que celui de TotalEnergies. « La carte donne accès au réseau “low cost“. Il y a aussi un système de reporting intéressant et un coût moins élevé de la carte avec des remises sur nos volumes », complète Marc Chavallard.

Réduire les kilométrages

L’objectif d’économie doit aussi être atteint grâce à la réduction du nombre des kilomètres parcourus par les véhicules. « Nous visons une diminution de 300 km par mois », reprend ce responsable. Ce niveau de kilométrage en moins est avant tout annoncé pour sensibiliser les salariés au lien entre distances parcourues et dépenses. « C’est un objectif que nous fixons et qui pourra être mesuré grâce aux remontées d’informations de la télématique et des cartes carburant. Il s’agit avant tout d’informer chaque centre de profit des gains effectivement réalisés », explique Marc Chavallard.

Cette mesure constitue la première étape d’une meilleure supervision des déplacements des salariés, prévue avec la création d’un service de mobility management. Celui-ci devrait se concrétiser en 2023 chez AC Environnement. « Ce service de mobility management prendra en compte les frais liés à l’utilisation des véhicules et y greffera l’ensemble des frais de déplacement des salariés : hôtels, avions, etc. Nous pourrons ainsi déterminer un TCM (Total Cost of Mobility) par salarié [encore plus global qu’un TCO, NDLR], poursuite ce responsable d’AC Environnement. Le but reste de mieux identifier les trajets qui sont nécessaires ou non, et de mieux maîtriser l’ensemble des frais de déplacement ».

Vers le mobility management

Il est aussi prévu de mettre à disposition des outils pour accompagner les salariés dans leurs choix des meilleurs modes de déplacement pour un même trajet. Cet objectif passera par une interface qui les informera du TCO au kilomètre parcouru de leurs véhicules, en comparaison du coût d’autres modes de transport. « En 2023, il sera indispensable de mettre ces outils en place », estime Marc Chavallard.

Ces évolutions dans les modes de déplacement vont aller de pair avec une adaptation de la gestion de la flotte : pour modifier la taille et la nature du parc, les termes des contrats de location, etc. Des évolutions largement amorcées. En raison de l’indispensable transition énergétique du parc mais aussi des récentes défaillances des constructeurs, Marc Chavallard a déjà remis en question des pratiques commerciales jusqu’ici bien ancrées.

« Il y a trois ans, nous avions trois loueurs : ALD Automotive, Sixt et BPCE. Nous les consultions deux ou trois fois par an pour jauger le marché. Aujourd’hui, les prix des véhicules fluctuent de jour en jour et nous sollicitons les loueurs quasiment tous les mois. Nous leur imposons désormais une veille pour qu’ils mettent en avant les lois de roulage et les modèle les plus intéressants, peu importent les marques », détaille ce responsable des achats.

Repenser les lois de roulage

Cette veille a par exemple conduit Marc Chavallard à remettre en cause la pertinence des lois de roulage fixées jusqu’ici. De fait, les couples kilométrage/durée proposés par les loueurs peuvent être intéressants financièrement mais ils ne correspondent pas forcément aux besoins de l’entreprise. « Nous nous interrogeons pour savoir si nous établissons des lois de roulage identiques pour tout le monde en réattribuant les véhicules selon les besoins, ou si nous définissons des lois de roulage au cas par cas, en fonction des besoins des collaborateurs », note Marc Chavallard.

Dans la perspective des économies à réaliser sur l’exploitation du parc, « nous envisageons des gains de l’ordre de 30 000 à 40 000 euros dès 2023 en revoyant les typologies de véhicules et en travaillant sur le contrat et les loyers », avance ce responsable.

La remise en question des contrats et des fournisseurs accompagne bien sûr une évolution des motorisations pour répondre à l’incontournable transition énergétique du parc. Des modèles électriques et hybrides rechargeables ont donc rejoint les catalogues de véhicules destinés aux fonctions dirigeantes d’AC Environnement. Une cinquantaine de cadres roulent au volant de ces véhicules électrifiés, soit presque la moitié de l’effectif de cette catégorie.

La flotte en transition énergétique

En parallèle, des Zoé se substituent aux Clio de la flotte. « Jusqu’ici, nous réussissons à maintenir les coûts. Nous avons des Zoé avec des loyers “purs“ plus chers que ceux des Clio. Mais ces Zoé reviennent beaucoup moins cher en TCO puisque le coût du carburant est réduit, voire parfois gratuit dans certains secteurs comme à Roanne (42). Et avec la carte DKV, nous accédons à un très large réseau de bornes », pointe Marc Chavallard. La transition énergétique va se poursuivre en 2023. « Nous allons alors l’acter et basculer sur des véhicules propres, avec un objectif de sortie du diesel sur trois ans. Nous voulons donc rouler uniquement avec des véhicules propres d’ici 2026, en pariant sur l’électrique, le GNV et le bioéthanol (E85) », anticipe ce responsable.

Le bioéthanol s’est ainsi diffusé dans la flotte d’AC Environnement, aussi bien par l’ajout de boîtiers sur une partie des véhicules financés en LOA, que par l’achat de véhicules conçus par les constructeurs pour fonctionner avec ce carburant. « Dans un premier temps, nous avons opté pour des boîtiers montés sur des véhicules neufs financés en LOA. Nous avons choisi des boîtiers Made in France et employé du carburant produit en France, ce qui a contribué à renforcer notre démarche RSE », ajoute Marc Chavallard.

Le recours à l’E85 pour verdir la flotte

Ce recours à l’E85, en plus de l’intégration progressive de véhicules à moindres émissions, doit contribuer à la réduction des frais de carburant qui entre dans le plan d’économie de la flotte d’AC Environnement pour 2023. « En intégrant les motorisations bioéthanol, électrique et hybride rechargeable, notre objectif est d’atteindre une économie de 100 à 130 000 euros sur ce poste », projette le responsable des achats. Et dans le TCO, ces nouvelles motorisations participeront aussi à la diminution des coûts liés à la fiscalité basée sur les émissions.



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Frédéric Blin pour Floauto.com