Aménagements et gestion de flotte : des choix pragmatiques

Chez LS Services, les techniciens interviennent aussi bien sur des installations de compteurs d’eau, de gaz, d’électricité, que des systèmes de téléassistance à domicile, ou encore pour de la livraison de colis. La flotte comprend 450 véhicules dont environ 20 % de VP et 80 % de VU. Quasiment tous ces VU, soit 300 modèles, sont aménagés, avec 280 VU de type Berlingo ou Kangoo, et une vingtaine de type Jumper ou Master. Les aménagements se composent d’habillages bois et de rangements pour des matériels et outillages.

« Nous passons par un carrossier industriel, Patton à Lyon, qui équipe nos VU d’un habillage et de casiers en bois », décrit Bruno Lucien, responsable technique du pôle automobile de cette SCOP (société coopérative de production). Ce carrossier travaille en direct avec le concessionnaire Citroën qui fournit les véhicules à LS Services. L’aménagement est réalisé selon un plan standard avec les casiers pour le petit outillage et les petites pièces. « Et si nous avons des modifications à faire par la suite, nous nous adressons au carrossier », précise Bruno Lucien, comme pour des techniciens qui doivent intervenir en petite robinetterie et peuvent avoir besoin de casiers supplémentaires.

Un carrossier aménageur

Le carrossier s’occupe aussi des Jumper H2 L2. Pour ces modèles, l’aménagement se limite le plus souvent à un habillage bois avec l’ajout d’un hayon, indispensable pour charger des matériels lourds comme les tourets de câble électrique. « Le hayon suppose un plus gros travail d’aménagement puisqu’il demande de réinstaller la caméra de recul. Il faut donc faire des modifications », indique Bruno Lucien.

On retrouve aussi du bois pour les aménagements de l’entreprise de BTP Baudin Chateauneuf, à la tête de 700 véhicules en propre. Ce matériau sert à équiper les plus de 200 VU en parc : Berlingo, Jumpy ou Jumper. « Pour les trois silhouettes, nous avons un cahier des charges standard qui correspond à 95 % des besoins des utilisateurs, avec un habillage bois et une partie sol équipée d’un revêtement antidérapant et imperméable aux fluides », expose Yannick Moraux, directeur du service transports et garage.

À cet aménagement standard s’ajoutent des aérations haute et basse pour les salariés amenés à faire des soudures et donc à transporter des bouteilles de gaz, avec une signalétique spécifique. L’entreprise a aussi doté l’ensemble de ses VU d’antivols supplémentaires sur les portes arrière et latérales. Comme chez LS services, la logistique de l’aménagement est prise en charge par la concession : « Elle achète le kit adapté et procède à la pose. Nous n’avons pas besoin de recourir à un prestataire. Nous pourrions le faire par le biais des garages avec lesquels nous travaillons mais le prix proposé par la concession est convenable », estime Yannick Moraux.

Des ateliers en interne

Avec plus de 8 700 VU en parc, Dalkia, spécialiste des installations énergétiques des bâtiments professionnels et collectifs, se repose sur deux ateliers d’aménagement en interne, un à Lille et l’autre en région parisienne. Celui de Lille a été créé il y a une trentaine d’années, au début des aménagements des VU pour l’entreprise. « Notre métier historique est celui de plombier chauffagiste et la fourgonnette a toujours été un des outils des techniciens », rappelle David Portejoie, responsable national de la filière véhicules de cette filiale d’EDF. Ces deux ateliers internes équipent une partie des VU de la flotte composée à 70 % de fourgonnettes, à 20 % de petits fourgons et à 10 % de fourgons de type Master ou Jumper. Là aussi, le bois reste le matériau employé pour les aménagements.

« Pour notre flotte, nous avons élaboré un aménagement standard par segment de véhicules », note David Portejoie. Pour les fourgonnettes, il se limite à des casiers sur un côté et des rails de fixation sur l’autre pour les bouteilles et matériels. « Il y a un autre aménagement standard pour les fourgons et les fourgonnettes de notre flotte, avec des casiers droite et gauche, de nombreux rangements, des placards qui se ferment ou des emplacements pour des armoires fortes pour les techniciens qui emploient des matériels onéreux, détaille ce responsable. Et nous apposons une armoire retournée pour que les techniciens puissent accéder à un petit magasin en libre-service depuis la porte latérale. Pour ces outils employés en permanence, les techniciens souhaitaient en effet un accès rapide », détaille David Portejoie. Pour les fourgons des monteurs en chaufferie, l’aménagement est aussi prévu pour travailler à l’intérieur des VU de cette flotte.

Limiter les trajets

Pour réaliser ces aménagements, les ateliers lillois et parisien de Dalkia ne travaillent que sur leur périmètre géographique. « L’entreprise fait la chasse aux kilomètres parcourus, quels que soient ceux qui les parcourent. Il serait donc illogique d’équiper à Lille un camion pour Marseille », relève David Portejoie. Afin de limiter les trajets, les VU les plus éloignés des ateliers internes sont équipés par l’aménageur SD Services auquel les cotes des aménagements sont communiquées. « Les véhicules arrivent par camion dans les centres SD ou les centres internes, puis repartent pour être livrés », reprend David Portejoie. Cette organisation participe à la maîtrise des coûts de l’aménagement de la flotte, très volatils ces derniers temps. « Le bois a subi quatre ou cinq augmentations successives en 2022 », confirme le responsable. Et cela grève d’autant plus le budget des aménagements que ceux-ci ne sont pas réutilisés à la fin du cycle de vie des véhicules en location.

Pour atténuer ces hausses, « nous essayons de trouver d’autres solutions, avance David Portejoie. En lien avec nos ateliers, mon équipe choisit des essences différentes en fonction des coûts : ainsi, l’okoumé peut-être plus intéressant que le bouleau. » Un « travail d’artiste », estime ce responsable. Et un travail qui n’est pas mis seulement à profit pour les aménagements bois : « 85 % de des VU de notre flotte sont équipés en serrure trois points, des équipements composés d’acier et de métal qui aussi connaissent des hausse importantes de prix. Là encore, mes équipes ont le mérite de rechercher des solutions pour trouver ces équipements au bon prix : en massifiant les achats, en négociant et en surveillant les cours pour maîtriser l’inflation », complète ce responsable.

Atténuer les hausses de prix

Et jusqu’ici, ces augmentations de prix n’incitent pas David Portejoie à se tourner vers des aménagements métal, plus coûteux. Cette solution a été testée par le passé chez Dalkia mais elle n’a pas généré de gains économiques notables par rapport au bois. « Nous avons mené des essais avec ce type d’aménagements pour constater qu’ils avaient souffert également au bout de trois ou quatre ans. » Pour compenser le coût, il avait été prévu que les aménagements soient réemployés d’un VU à l’autre dans cette flotte. « Mais le démontage et le remontage étaient ardus pour nos ateliers internes à cause des dégradations subies par les matériels et nous sommes rapidement revenus au bois sur une vie de véhicule », conclut David Portejoie.

Chez Velux, l’approche a été différente pour les 55 VU en parc : le bois a été progressivement délaissé pour le métal. « Ces véhicules servent à des interventions de service après-vente pour nos techniciens répartis dans toute la France », expose Malika Benferhat, responsable des services généraux de ce spécialiste des fenêtres de toit. Il s’agit principalement de Master et de Trafic, loués sur 36 mois et 90 à 150 000 km selon les régions.

Les techniciens de Velux les emploient pour transporter l’ensemble des matériels nécessaires au SAV : échelles, vitrages, outillages, etc. Les aménagements, qui ont commencé à équiper les VU de la flotte au début des années 2010, ont donc d’abord été en bois. Leurs configurations, étudiées en interne avec des techniciens et l’aménageur, peuvent varier. « Ils dépendent notamment de la région où les techniciens travaillent : les tailles des modules de fenêtre diffèrent en fonction des régions et les tailles des échelles varient en conséquence », explique Malika Benferhat.

Des configurations standards

Mais la configuration reste récurrente : « Il y a d’un côté des étagères avec des produits Velux et tous les accessoires rangés dans des étagères supérieures et, en dessous, un espace pour l’échelle. Du côté de la porte vers l’intérieur, on trouve des tiroirs et des corbeilles ; on trouve aussi des tiroirs pour les petites pièces, tournés vers l’extérieur et disponibles dès l’ouverture de la porte latérale par le technicien. Un espace est réservé à l’hygiène avec des rouleaux d’essuie-mains, du désinfectant et la trousse de sécurité », décrit la responsable. À bord, il est possible de recharger les outillages électroportatifs sur la batterie du camion. « Le plancher a été renforcé pour supporter l’échelle ; certains techniciens transportent jusqu’à trois modules d’échelle », ajoute Malika Benferhat.

L’ensemble de cet équipement est réalisé en aluminium depuis quatre ans. « Ce n’est pas forcément moins lourd c’est mais plus résistant dans le temps. Et cet équipement est facile à reposer lors d’un renouvellement de véhicules », indique la responsable. Plusieurs raisons ont justifié ce choix. Tout d’abord le confort des techniciens. « Ils ont estimé que notre flotte pouvait obtenir une meilleure ergonomie des aménagements avec le métal : son façonnage est plus facile et la modularité des aménagements élaborés est meilleure », pointe Malika Benferhat.

La sécurité avant tout

Mais le gain lié à ce matériau se mesure aussi sur un autre aspect : « Nos VU transportent des matériels assez lourds qui peuvent devenir dangereux en cas de freinage brusque, relève Malika Benferhat, et ce, malgré la paroi de séparation. Et les aménagements en métal prévoient des anneaux de fixation encore plus sûrs pour les arrimer. » Un rappel : la finalité d’un aménagement est aussi sa contribution à la sécurité des personnes et des marchandises transportées.