Intégrer les flottes dans le bilan carbone des entreprises mobilise une véritable machine organisationnelle. Dans une entreprise, la rédaction du bilan environnemental est en effet pilotée par le département RSE qui va assurer un travail important de coordination et de collecte de données. Dans ce cadre, tous les départements sont sollicités pour apporter leur contribution au calcul de l’empreinte globale. Pour les trajets domicile-travail, les RH apportent les données, quand le pôle en charge des approvisionnements et les gestionnaires de flotte fournissent des détails sur les déplacements. Au total, une vingtaine de postes peuvent être mobilisés.

En s’appuyant sur le principe des « périmètres » d’émissions, le scope 1 d’un plan carbone rassemble les émissions directes, dont le carburant pour les véhicules de la flotte ou le fuel pour le chauffage des bâtiments. Le scope 2 rassemble les achats d’énergies. « Le scope 3 mobilise 80 % des émissions dont une part importante pour les achats, les transports et les trajets et les consommations des employés », résume Ying Luo pour Greenly, un prestataire qui se présente comme une plate-forme de comptabilité carbone.

Flottes : définir les scopes du bilan carbone

Mais attention : si l’entreprise s’acquitte des frais de carburant liés à sa flotte, les émissions de GES sont classées dans le scope 1. En revanche, quand la logistique gère des prestataires extérieurs, ses émissions sont comptabilisées dans le scope 3. Les taxis entrent aussi dans ce dernier ensemble. Les trajets domicile-travail, les repas du midi et le télétravail sont pareillement évalués dans ce scope 3.

Pour comptabiliser les émissions d’une flotte, deux postes sont à prendre en compte car le bilan carbone demande en effet d’amortir les émissions sur l’ensemble de la durée de vie des véhicules. L’amortissement d’un véhicule, à savoir le poids environnemental de sa fabrication, s’ajoute ainsi aux consommations de carburant ou d’énergie pendant son utilisation. Pour l’étape de la production, les constructeurs publient les données utiles du modèle concerné ou de sa catégorie. Pour les consommations de carburant et quand les données manquent, l’entreprise doit estimer les kilométrages et les traduire en émissions de GES.

Des cas particuliers

« Cela étant, l’entreprise a le droit de justifier qu’un poste n’ait pas une importance significative et n’apparaisse donc pas dans le bilan. Le kérosène va peser 90 % de l’empreinte environnementale d’une compagnie aérienne ; dans ces conditions, ses trajets domicile-travail deviennent négligeables », illustre Nicolas Meunier, manager chez Carbone 4, cabinet de conseil spécialiste du bilan carbone. Pareillement, la flotte de véhicules restera secondaire pour une entreprise industrielle dont les achats et les matériaux vont occulter les autres postes. Mais pour une société de services, les VP ou les VUL vont être prépondérants dans le calcul des émissions, et chez un transporteur routier, les poids lourds représenteront le premier ou le deuxième poste.

Par la suite, ce plan carbone doit en toute logique servir de base à un plan d’action pour diminuer les émissions de GES, et donc celles de la flotte. « La démarche la plus pertinente : identifier les postes les plus importants et ceux sur lesquels il faut passer à l’action », conseille Nicolas Meunier. La stratégie décidée doit être suivie d’actions concrètes sur le terrain et les effets, mesurés dans le temps.

Passage au plan d’action

Greenly énumère un certain nombre de solutions pour réduire l’impact de la mobilité d’une entreprise : voyager moins, privilégier les visio-conférences pour éviter les trajets, optimiser ces trajets, améliorer le remplissage des poids lourds, passer aux véhicules électriques, adopter le covoiturage, etc. « Le covoiturage reste compliqué à lancer, constate Ying Luo. Mais avec le covid, la visioconférence s’est développée. Quant à la logistique, les trajets et le remplissage sont déjà bien optimisés. »

Carbone 4 préconise aussi plusieurs actions : électrification, éco-conduite, recours à des voitures plus petites, moins lourdes moins énergivores, etc. Mais mettre en place ces actions n’est pas si simple. « L’automobile véhicule un statut social, souligne Nicolas Meunier. Il est difficile de changer les mentalités. La voiture de fonction constitue aussi un avantage en nature important, rappelle ce consultant. Définir une nouvelle car policy crée donc de fortes tensions du côté de la gestion de flotte et des RH. Pourtant, le sujet est important et dans l’acceptation de cette nouvelle car policy, les dirigeants ont un rôle d’exemplarité à jouer », souligne Nicolas Meunier.

Conduire le changement

Plus largement, la conduite du changement reste essentielle, comme pour déployer des véhicules électriques dont la conduite diffère de celle des thermiques. Dans ce dernier cas, la télématique offre une aide précieuse. Elle peut pareillement servir de support à des challenges d’éco-conduite, eux aussi fédérateurs et efficaces pour diminuer les émissions de GES.

Un bilan carbone est établi généralement sur une année calendaire. Une fois le premier bilan réalisé, les phases suivantes de collecte de données revêtent moins de difficultés. « Plus on avance dans cet exercice, plus on devient précis et plus la décision est efficace », conclut Ying Luo pour Greenly.



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Éric Gibory pour Floauto.com