Dans le cadre de la LOM (loi d’orientation des mobilités) et de la loi Climat & Résilience, les flottes privées de plus de 100 véhicules doivent réserver 10 % de leurs achats à des modèles à faibles émissions (VFE, moins de 60 g/km de CO2). Les loueurs de courte durée n’échappent pas à cette règle et ils ont commencé à verdir leurs parcs avec des véhicules 100 % électriques, hybrides rechargeables et hybrides simples. En 2022, plus de 29 % des achats des différents acteurs du marché portaient sur des véhicules électrifiés. Leurs immatriculations de modèles 100 % électriques ont augmenté de 13,2 %. Une évolution d’autant plus nécessaire que l’instauration progressive des ZFE-m (zones à faibles émissions-mobilité) pousse les conducteurs urbains à verdir leurs déplacements.

Le véhicule électrique à la charge

Les agences de location s’équipent aussi de bornes de recharge. De fait, la recharge et l’impossibilité d’accéder à une borne inquiètent encore les clients potentiels. Pour les loueurs courte durée, les agences situées en ville peuvent facilement s’équiper de bornes. Dans les aéroports et les gares, les enseignes doivent se mettre d’accord avec les opérateurs des sites ou les exploitants des parkings pour estimer les capacités de déploiement et passer à l’acte.

Afin de stimuler la demande en matière de véhicules électrifiés, la profession milite aussi pour que la location courte durée fasse partie du reporting pour évaluer l’électrification d’un parc, comme c’est le cas pour la longue durée et l’achat. « La demande reste très faible pour les modèles 100 % électriques dont l’autonomie et la recharge demeurent des freins », observe Guirec Grand-Clément, directeur général du loueur Enterprise et vice-président des métiers de la mobilité partagée de Mobilians. Mais si cette demande ne s’est pas encore généralisée, certains hommes d’affaires louent des véhicules 100 % électriques, nuance-t-il. En agence, nous étudions les kilomètres parcourus et, pour 60 à 80 km par jour, nous pouvons proposer un modèle électrique avec une expérience agréable à la clé. »

Les grandes manœuvres

Dans ce contexte qui pousse à l’électrification, de grandes manœuvres ont commencé pour réorganiser le marché de la location courte durée. Les contours de la prise de contrôle d’Europcar par Volkswagen se précisent ainsi peu à peu. Le constructeur allemand veut transformer Europcar Mobility Group en un leader de la mobilité durable grâce à la technologie et aux données. Plus concrètement, l’offre devra répondre aux besoins des clients en mobilité et en location de voitures pour quelques heures ou avec des abonnements sur plusieurs années. Des phases pilotes de ces services ont été menées en partenariat entre Volkswagen, Porsche Bank et Europcar, et ont été lancées à Vienne et Hambourg fin 2022 et début 2023.

Si les marques du groupe Volkswagen commercialiseront ces services de mobilité, les solutions seront toutes hébergées sur une future plate-forme centralisée. Une offre globale sera lancée à terme et une flotte commune de véhicules couvrant tous les services, de la location aux abonnements en passant par le partage et le covoiturage, sera constituée pour assurer une disponibilité maximale et dégager des marges opérationnelles. Europcar deviendra la pierre angulaire de cette plate-forme avec ses agences dans les gares, les aéroports et les centres-villes, et avec ses équipes.

Les loueurs s’électrifient

Une étape importante à noter : des véhicules autonomes rejoindront la flotte à partir de 2025 pour offrir des services innovants, optimiser l’efficacité et accroître la rentabilité. Pour introduire ces véhicules autonomes, Volkswagen et Europcar testent aujourd’hui l’ID.Buzz, le monospace électrique du constructeur, à Munich et Hambourg. Des projets similaires auront lieu dans d’autres villes d’Europe, en Chine et aux États-Unis. Et en 2025, Volkswagen commercialisera les premiers services de mobilité autonome en Europe avant de les étendre aux États-Unis.

L’électrification est au programme de l’ensemble des loueurs courte durée. Depuis sa création en 2020, Drivalia (ex Leasys Rent, voir ci-contre) électrifie par exemple sa flotte. Et dès sa première année d’exploitation, Drivalia a atteint les objectifs fixés par le groupe Stellantis et FCA Bank, soit un parc de véhicules de tourisme de location courte durée, doté de 75 % de modèles électriques et/ou hybrides rechargeables. En outre, le loueur a déployé 250 points de charge dans ses agences en 2022. Leur nombre devrait passer de 150 à 350 d’ici à la fin de l’année. L’électrification de la courte durée passe au stade industriel.

Rent A Car investit aussi dans l’électrification de sa flotte. Un plan de 3 millions d’euros sur cinq ans doit permettre à ce loueur de référencer des véhicules à faibles émissions et d’équiper ses agences en bornes de recharge. D’ores et déjà, le loueur propose des véhicules 100 % électriques, hybrides et hybrides rechargeables à ses clients, tout comme des modèles carburant au GNL. Ses préparateurs et mécaniciens sont formés pour intervenir et entretenir les véhicules électriques. Fin 2022, une centaine d’agences s’équipaient déjà d’infrastructures de recharge.

Les loueurs à la charge

Dans le même mouvement, Hertz et Uber, déjà partenaires en Amérique du Nord, étendent leurs accords à l’Europe. Avec ce contrat, Hertz prévoit de déployer jusqu’à 25 000 véhicules électriques auprès des chauffeurs Uber qui circulent dans les capitales européennes d’ici à 2025. Une gamme étendue de véhicules électriques sera donc proposée à ces conducteurs de VTC, dont des modèles Tesla et Polestar. Cet accord représente un axe important de la stratégie d’Hertz qui vise à créer l’une des plus grandes flottes de véhicules électriques au monde.

De son côté, Uber s’est fixé comme objectif de devenir une plate-forme zéro émission en Europe et en Amérique du Nord à l’horizon 2030. En Amérique du Nord, par le biais d’un partenariat similaire, des milliers de chauffeurs Uber ont obtenu un modèle électrique. Près de 50 000 d’entre eux ont d’ailleurs déjà loué une Tesla grâce à ce programme et 24 millions de courses 100 % électriques ont pu être réalisées, soit une distance totale supérieure à 400 millions de kilomètres décarbonés. Le partenariat européen a débuté en janvier à Londres et d’autres capitales comme Paris et Amsterdam suivront au cours de l’année.

Des véhicules partagés

Autre piste suivie par les spécialistes de la location longue durée, celle du véhicule partagé. Fin 2022, Enterprise a lancé un service d’autopartage destiné aux entreprises et baptisé Car Share. Via un système de réservation en ligne ou une application spécifique, les salariés peuvent réserver automatiquement un VP ou un VUL à faibles ou à zéro émission, pour une durée d’une l’heure à une journée. Les véhicules sont disponibles sur site 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

Enterprise rappelle à ce propos les résultats d’une enquête de l’Ademe selon lesquels un véhicule mutualisé remplace cinq à huit voitures attribuées, supprime entre 10 000 et 19 000 km parcourus par an et libère 0,9 à trois places de stationnement en voirie. Autre constat, les professionnels qui ont recours à l’autopartage effectuent des trajets plus longs (22,9 % au-dessus de 200 km).

Pour sa part, le groupe Stellantis, qui intervient sur le marché de la location courte, moyenne et longue durée, et sur celui de la mobilité à travers Free2Move, souhaite atteindre la rentabilité pour son activité d’autopartage à l’horizon 2030. Après avoir racheté Share Now à BMW Group et Mercedes-Benz en juillet 2022, Free2Move renforce les synergies entre les deux plates-formes en donnant la possibilité à ses clients d’accéder aux véhicules de Share Now à Paris et Madrid. Les locations se font à la minute, au jour, voire au mois, et sont ouvertes aux particuliers comme aux professionnels. Depuis la fin du premier trimestre 2023, les deux flottes sont entièrement intégrées. Les véhicules sont électrifiés avec des Peugeot e-208 et Fiat 500e à Paris et des Fiat 500e à Madrid où elles ont rejoint des Jeep Renegade Hybrid et des Peugeot e-208.

Ces dernières années, les loueurs courte durée ont en parallèle travaillé à numériser leur activité et, notamment, leurs transactions. « Tous les éléments en faveur de l’usage ont vocation à continuer à se développer », prévoit Guirec Grand-Clément pour Enterprise. Dans ce cadre, la télématique offre de nouveaux modes de retrait avec la possibilité d’ouvrir un véhicule à distance. Et cette technologie contribue également à développer l’autopartage. Les loueurs courte durée commercialisent ainsi des solutions pour installer les technologies nécessaires à la mutualisation d’une flotte au sein des entreprises.

L’usage plutôt que la propriété

Partie prenante du marché de la mobilité partagée, la location courte durée veut avancer une véritable légitimité. « Comme tout ce qui peut favoriser l’usage par rapport à la propriété, la courte durée est vertueuse, argumente sur ce sujet Guirec Grand-Clément. Un véhicule partagé en remplace huit en propriété. Nous défendons le développement de l’usage. La location courte durée fait partie de la solution et non du problème. De plus, le parc des loueurs courte durée est plus jeune et plus électrique et donc moins polluant. »



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Éric Gibory pour Floauto.com