Plan de sobriété énergétique, acte 2 : les mesures pour les flottes

Après l’annonce en octobre 2022 du premier volet de son plan de sobriété énergétique, le gouvernement vient d’en dévoiler « l’acte 2 », dont certaines mesures concernent particulièrement les flottes. Dans l’éditorial qui accompagne le dossier de presse du gouvernement, la première ministre, Elisabeth Borne, a résumé les économies que la première étape du plan aurait permis de dégager : « L’hiver dernier, notre consommation d’électricité et de gaz a diminué de 12 %, après correction des effets météorologiques ». Une réduction des consommations énergétiques réalisées ainsi « en trois mois », chose que le pays « n’avait pas su faire en 30 ans », s’est félicitée pour sa part Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique. Rappelons que le plan de sobriété énergétique vise à « baisser de 10 % notre consommation d’ici 2024 ».

Comme nous l’avions détaillé dans un précédent article présentant la première phase de ce plan de sobriété, plusieurs mesures concernaient la mobilité des entreprises, des collectivités et des particuliers. Et c’est encore le cas pour l’acte 2 de ce plan. « Pour construire cet acte 2 du plan de sobriété, Agnès Pannier-Runacher a eu recours à la même méthode de concertation, en réunissant à nouveau plus de 300 acteurs dans dix groupes de travail », peut-on lire dans le dossier de presse. Chaque groupe de travail s’est consacré à un secteur d’activité. Et alors que les transports ont fait l’objet d’un groupe de travail à part, il faut préciser que les mesures liées à la mobilité des flottes, un enjeu qui reste transversal, se retrouvent dans d’autres groupes. C’est le cas des groupes de travail « état exemplaire », « entreprises et organisation du travail », « culture » et « sports ».

Trois « mesures phares » à retenir…

Mais avant de nous attaquer aux mesures adoptées par chacun de ces groupes de travail, formulons d’abord les trois principales mesures de ce plan concernant en particulier les déplacements, énumérées par le gouvernement dans une liste de « 14 mesures phares ». Ainsi, le gouvernement cite cette première mesure phare en matière de mobilité : 27 entreprises du CAC40 demanderont à leurs salariés de rouler à 110 km/h sur autoroute dans le cadre professionnel, au lieu de 130 km/h. Rouler à 110 km/h permettrait d’abaisser de 20 % la consommation de carburant, et d’autant les émissions de gaz à effet de serre, d’après le gouvernement. Ces mêmes entreprises s’engagent également à « promouvoir des solutions plus respectueuses de l’environnement (transports en commun, covoiturage, développement des flottes électriques) ». Cette mesure a été conçue par le groupe « entreprises et organisation du travail ».

Voici la liste complète (établie par le gouvernement) des 27 entreprises du CAC40 qui s’engagent à appliquer ces mesures : « Bouygues, Carrefour, Crédit Agricole, Hermès, Legrand, Orange, Renault, Schneider Electric, Engie, Danone, Arcelor, Stmicroelectronics, Saint-Gobain, Sanofi, Pernod Ricard, Safran, Kering, Michelin, TotalEnergies, Stellantis, Teleperformance, Veolia, Unibail, Air Liquide, LVMH, Dassault ».

La deuxième mesure phare (groupe de travail « Transports ») concerne les autoroutes et s’adresse à tous types de publics, professionnels comme particuliers. « Les sociétés d’autoroute relaieront, tout l’été, les messages de sobriété sur les panneaux autoroutiers, détaille l’Etat dans son dossier de presse. Elles valoriseront également le covoiturage et la prime de 100 euros mise en place par le gouvernement, conjointement avec les sociétés de covoiturage. Par ailleurs, les projets de voie réservée aux transports collectifs et au covoiturage seront promus. » La troisième mesure phare, sans doute la plus attendue, porte, elle, sur le malus sur les véhicules les plus émetteurs de CO₂ et les plus lourds, que le gouvernement renforcera d’ici 2024, sans en dire plus à ce stade. Une mesure qui incitera potentiellement les entreprises à redessiner les car policies de leurs flottes.

… et une mesure annexe

Parmi les autres mesures phares, une, plus générale, intéressera particulièrement les conducteurs de véhicules électriques. Cette mesure vise en effet à enrichir l’application Ecowatt, de RTE, qui renseigne sur l’état du réseau électrique. L’application, ainsi que le site web dédié, s’équiperont prochainement d’une nouvelle fonctionnalité. Celle-ci leur permettra d’indiquer « les périodes de la journée où le mix de production électrique française décarbonée permet de satisfaire la consommation d’électricité ». « Les utilisateurs seront alors encouragés à planifier certaines de leurs consommations (lave-linge, recharge de véhicule…) durant les heures les plus favorables », complète le gouvernement. Ce afin d’améliorer le bilan carbone du système électrique, toujours selon le gouvernement.

Passons à présent aux mesures spécifiques, en matière de mobilité, à certains secteurs :

Groupe de travail « Etat exemplaire »

Ce groupe de travail s’intéresse à la sobriété des administrations de l’Etat. Côté déplacements, les agents auront notamment interdiction, en été, de garder le moteur de leur véhicule allumé lors des arrêts prolongés. À noter que le gouvernement demande déjà aux agents de se limiter à 110 km/h sur autoroute dans le cadre de leurs déplacements professionnels. L’acte 2 du plan de sobriété prévoit aussi de suivre les consommations de carburant du parc de véhicules de l’État « en mettant en place un indicateur unique qui permettra de mesurer les efforts de sobriété ». Il devrait aussi, entre autres, « systématiser le covoiturage et le partage des véhicules entre administrations » et « inciter les agents à venir au travail en vélo ». Ce dernier point s’accompagnera de la mise à disposition de vestiaires et de douches sur le lieu de travail.

Groupe de travail « Transports »

Outre la mesure phare que nous citions plus haut dans l’article, Blablacar et l’autoroutier Vinci lancent à partir de ce 20 juin 2023, dans le cadre d’un partenariat, une initiative pour favoriser le recours au covoiturage par les usagers de la route. « Des animations seront organisées sur les aires de repos, en juillet et en août, sur les bénéfices du covoiturage, explique le gouvernement. Les usagers bénéficieront d’un abonnement télépéage gratuit et auront accès aux files prioritaires. »

Par ailleurs, ce groupe de travail aborde aussi la question de l’affichage des itinéraires décarbonés par les applications GPS, devenu obligatoire (à des échéances variables, que nous avions détaillées ici) suite à la publication d’un décret le 3 août 2022. Le gouvernement confirme vouloir désormais « imposer aux services de navigation de présenter le bilan climatique des différents itinéraires proposés ». Ces services « doivent dorénavant fournir à leurs utilisateurs une information relative aux quantités de gaz à effet de serre et aux polluants de l’air émis pour chaque suggestion d’itinéraire », souligne le gouvernement. Ils doivent également indiquer « les économies possibles de carburant en roulant à 110 km/h sur autoroute ». Par ailleurs, les acteurs du transport s’engagent pour leur part à « adopter les gestes d’écoconduite pour optimiser la consommation énergétique des matériels roulants et équipements industriels ».

Groupe de travail « Culture »

Le groupe de travail « Culture » a élaboré deux mesures de « sobriété sur le carburant ». Soit, d’une part, l’optimisation des déplacements des artistes et des œuvres de manière à réduire le nombre de kilomètres parcourus ; et, d’autre part, pour les particuliers, l’information des spectateurs et des visiteurs sur les moyens de transports alternatifs (covoiturage, vélo, etc.) disponibles pour se rendre sur les lieux culturels.

Groupe de travail « Sports »

Là encore, comme pour la culture, des mesures ont été pensées pour diminuer la consommation de carburants. En effet, cela comprend la mise en place de solutions de mobilité sportive décarbonées, la densification des stationnements sécurisés pour vélos à proximité des enceintes sportives et, pour les spectateurs, un recours accru au covoiturage.