Les quatre saisons vont-ils rebattre la donne sur le marché du pneu ? Difficile de répondre à cette question. Mais leur impact se fait sentir dès la fabrication. « Les manufacturiers sont moins embêtés, ils ont moins de problèmes d’organisation », souligne à ce propos Stéphane Touquet, responsable grands comptes TC4 de Point S. De fait, les quatre saisons peuvent se fabriquer en continu, tandis que les pneus hiver le sont dans la perspective des saisons froides, en fonction de pré-commandes sur lesquelles planchent très en amont les distributeurs. Tout cela pour éviter d’avoir trop de voitures dans les ateliers en cas d’épisode de neige soudain et, en face, pas assez de pneus hiver à monter. Ce souci-là s’atténue donc très sensiblement.

Le gardiennage des pneus, préservé

Pour leur part, les prestataires en charge du gardiennage des pneus anticipent-ils la baisse du nombre des opérations de permutation et de gardiennage en réduisant quelque peu « la voilure » ? Il semble que ce ne soit pas encore d’actualité. Et paradoxalement, certains poursuivent leurs efforts pour améliorer ce service qui reste, pour la plupart d’entre eux, « parfois compliqué à assurer », admet Laurent Decallonne, directeur commercial de Feu Vert. Ainsi, malgré le recul des ventes des pneus hiver, Feu Vert n’en poursuit pas moins ses efforts pour renforcer son service de gardiennage. Car de nombreuses situations peuvent induire un transfert de pneus d’un site à un autre : « Il y a le turn-over des conducteurs, la reprise de tel véhicule par telle filiale, mais aussi le renouvellement des véhicules, même s’il a été mis à mal ces derniers temps. En outre, les flottes demeurent très attentives au gardiennage de pneus », rappelle Laurent Decallonne. Pour les enseignes, le gardiennage de pneus tient avant tout d’une question informatique. Et tous les prestataires soulignent la nécessité de disposer d’un outil efficace pour référencer les pneus gardiennés et mesurer leur taux d’usure – un critère indispensable pour savoir quoi faire de ces pneus.

Mesurer la gomme

« Nous ne gardons pas des pneus qui ont une durée de vie limitée et ne pourront pas faire encore une saison », explique Laurent Decallonne. De nombreux prestataires proposent cette mesure de la gomme des pneus afin de savoir s’il faut les garder et comment les réaffecter. Par exemple, il faudra éviter d’attribuer à un gros rouleur des pneus qui ne pourront rouler qu’une saison supplémentaire. Avec le gardiennage des pneus, les prestataires insistent aussi sur l’importance du facteur humain et sur l’organisation des processus en général. Pour le fleeter Fatec, Arnaud Bazin, directeur des achats, l’affirme sans ambages : « Il faut de la préparation chez les clients et surtout chez les conducteurs. Ces derniers se montrent souvent impatients et s’imaginent parfois que gérer des pneus est facile, ce qui n’est pas vrai ! » « Il s’agit d’une chaîne entre le gestionnaire, le conducteur et le prestataire : tout doit se coordonner », complète Pierre Hamard, directeur commercial et marketing de BestDrive.

Le gardiennage des pneus, c’est encore d’autres problèmes qu’il faut appréhender. Euromaster met l’accent sur un point important : les conditions dans lesquelles stocker les pneus gardiennés. « Il faut beaucoup de place, mais aussi des températures stables, un degré d’humidité satisfaisant, etc. », énumère Stéphanie Decompois, directrice marketing et communication d’Euromaster. Le stockage, selon les enseignes, se fait donc soit dans de gros entrepôts spécifiques, soit dans les centres qui bénéficient de suffisamment d’espace, ou les deux à la fois.

De la logistique

Dernier élément à surveiller, et non des moindres, la logistique qui va permettre de transférer en temps et en heure des pneus gardiennés d’un endroit à un autre, avec parfois l’intervention d’un logisticien pur et dur. En dépit de ces difficultés, cette prestation ne devrait pas trop poser de problème l’hiver prochain, justement parce qu’il y aura moins de pneus gardiennés. Avec plus de sérénité aussi pour les approvisionnements, fortement perturbés par la crise sanitaire, puis par la guerre en Ukraine, encore que les prestataires s’accordent à dire que les pénuries consécutives à ce conflit n’ont vraiment concerné que très peu de marques. Les circuits logistiques semblent avoir retrouvé leur fluidité. À suivre.



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Hakim Remili pour Floauto.com