Devrait-on se recharger plutôt sur site, en itinérance ou à domicile ? Bien sûr, la réponse dépendra des besoins. Mais aussi des coûts. Pour ce qui est du coût de la recharge sur le site d’une entreprise, nous avons recueilli la réponse d’Étienne Chaucesse, gestionnaire de la flotte d’Anaveo. Ce spécialiste de la sécurité électronique et intelligente gère 59 véhicules électriques sur un total de 306 véhicules, et vise une flotte 100 % propre à horizon 2026 ou 2027.

« Sur site où nos bornes offrent 22 kW de puissance, nous en sommes à 0,193 euro TTC/kWh », indique Étienne Chaucesse. Cette moyenne du coût de la recharge sur site tient compte d’une hausse. En effet, comme le précise Étienne Chaucesse, le tarif de l’électricité, dans les sites d’Anaveo, a augmenté de 20 % au cours de l’été 2023. Anaveo possède une dizaine de bornes dans son siège de Champagne-au-Mont-d’Or (69), et deux bornes par agence dans ses treize sites.

La recharge à la hausse

Cette hausse concerne aussi la recharge en itinérance : « En 2023, le coût moyen que nous avons enregistré pour une recharge ouverte au public est de 0,51 euro TTC/kWh », chiffre Yoann Nussbaumer, P-DG de Chargemap, spécialiste du paiement et de la cartographie des bornes. Soit donc plus du double de ce qui est relevé sur site, notamment par Anaveo. Précisons aussi que l’Hexagone dénombre sur son territoire beaucoup plus de points de charge privés qu’ouverts au public.

Chez Anaveo, en 2023, 65 % des recharges ont été effectuées sur des bornes ouvertes au public, 30 % sur des bornes des sites d’Anaveo et 5 % sur les bornes installées aux domiciles des salariés. « Même avec des bornes sur les parkings du groupe, les collaborateurs, en particulier commerciaux, ne passent pas sur site tous les jours », précise Étienne Chaucesse. Les véhicules d’Anaveo parcourent en moyenne 48 000 km par an, soit 150 km par jour.

Le surcoût de la recharge publique

Étienne Chaucesse a fait ses calculs : « Toutes puissances confondues, les recharges sur les bornes publiques nous ont coûté en moyenne 0,49 euro TTC/kWh en 2023. Je relève cependant 0,62 euro TTC/kwh sur les bornes publiques dont la puissance dépasse les 100 kW. Les bornes publiques de 11 et 22 kW, aux tarifs moins élevés, tirent la moyenne vers le bas, précise ce responsable. Entre janvier et décembre 2023, j’ai remarqué une hausse de 13 % sur les coûts de bornes ouvertes au public, justifiée par rapport aux augmentations énergétiques globales enregistrées sur les douze derniers mois », expose Étienne Chaucesse.

Étienne Chaucesse souligne d’ailleurs l’importance de ces bornes publiques de 11 et 22 kW. « Car les collaborateurs qui se rechargent rarement sur site et qui n’ont pas de borne à domicile recourent alors à une borne publique à proximité, de 11 ou de 22 kW en AC », avance ce responsable. En rappelant que tous les collaborateurs d’Anaveo ne peuvent pas avoir de borne chez eux : « C’est le cas de nos salariés qui résident en logement collectif sans parking privatif. »

À noter que selon Yoann Nussbaumer pour Chargemap, 76 % des 100 000 points de charge ouverts au public et compatibles avec Chargemap en France offrent une puissance entre 7 et 22 kW. Toujours selon Chargemap, une recharge sur une borne ouverte au public de 7 à 22 kW coûte en moyenne 0,41 euro TTC/kWh, contre 0,64 euro TTC/kWh pour moins de 7 kW (4 % des points de charge), 0,49 euro TTC/kWh pour entre 22 et 50 kW (9 %) et 0,52 euro TTC/kWh pour plus de 50 kW (11 %).

Des investissements et des coûts

Et la tendance tarifaire, pour ces bornes ouvertes au public, serait orientée à la hausse : « Par rapport à 2023, c’est déjà 0,05 euro de plus qu’en 2021 et 0,02 euro de plus qu’en 2022, note Yoann Nussbaumer, pour Chargemap. Ce que nous attribuons à l’augmentation des coûts de l’énergie qui ont considérablement affecté les opérateurs de infrastructures de recharge ».

La différence de tarifs entre les puissances s’explique entre autres par les coûts d’investissement : « Une borne ultra rapide, de 150 kW ou plus, coûte plus cher à fabriquer car elle est plus exigeante techniquement », argumente Christelle Vives, directrice générale d’Izivia, filiale d’EDF spécialiste de la recharge en voirie et de la recharge pour les professionnels. Ensuite, l’installation coûte aussi plus cher car il faut tirer des câbles de forte puissance et parfois implanter des postes de transformation – des matériels assez onéreux. « Pour donner un ordre de grandeur, un chantier d’installation de bornes de recharge lente de 7 à 22 kW va coûter entre 5 000 et 10 000 euros par borne, alors qu’un chantier d’installation de bornes ultra rapides va coûter de 80 000 à 100 000 euros », poursuit Christelle Vives.

Recharger à domicile

Heureusement, comme la recharge sur site, la recharge au domicile coûte elle aussi moins cher que la recharge en itinérance. Chez Anaveo, un tiers des conducteurs sont éligibles à une borne au domicile. Et à ce jour, Anaveo a acheté et installé dix à quinze bornes de 7 kW aux domiciles de ses salariés. « Pour rembourser les salariés qui rechargent à domicile, nous nous basons sur un barème, le tarif conventionné bleu d’EDF, fixé à 0,22 euro TTC/kWh », détaille Étienne Chaucesse. Avec, là encore, une augmentation : « Du fait de la crise énergétique, Anaveo a revu cette indemnisation au 1er août 2023 : avant cette date, elle était de 0,18 euro TTC/kWh », complète Étienne Chaucesse.

Mais si la recharge à domicile est possible chez Anaveo, c’est aussi pour une autre raison, cette fois liée à l’usage de ses véhicules électriques : il s’agit en l’occurrence de voitures de fonction, autorisées donc à stationner le soir à domicile. Mais les vingt Zoé en pool se rechargent, elles, exclusivement dans les sites d’Anaveo.

Le cas de Bordeaux Métropole

Évoquons aussi les véhicules électriques de service. Sur ce sujet, Bordeaux Métropole offre un bon exemple : ses 1 930 véhicules légers rassemblent 150 à 160 VP et 200 VUL, tous électriques et de service. Ils ne se rechargent qu’aux 250 bornes installées dans les sites de Bordeaux Métropole, avec 22 kW de puissance pour la plupart. Ces véhicules parcourent en moyenne 7 000 km par an ; ils n’ont pas besoin de se recharger en voirie, la recharge sur site suffit amplement. Mais alors que Bordeaux Métropole ne dispose pas de compteur différencié pour mesurer les consommations sur les bornes sur ses sites, l’évaluation des dépenses se fait de manière macroscopique, sur la facture d’électricité.

« Le passage à l’électrique nous fait gagner entre 500 et 600 euros sur les dépenses de consommation d’un véhicule sur un an, pour un kilométrage de 7 000 à 8 000 km », souligne Pierre-Thomas Blaise, directeur du parc matériel de Bordeaux Métropole. Selon ce responsable, une Citroën C3 thermique consommerait ainsi 900 euros de carburant pour parcourir cette distance annuellement, alors qu’une voiture électrique équivalente ne générerait que 300 euros de dépenses d’électricité. « Et plus on roule en électrique, plus le différentiel avec le thermique va augmenter et plus l’électrique sera intéressant financièrement », complète Pierre-Thomas Blaise.

Un constat que rejoint Étienne Chaucesse pour Anaveo : ce responsable estime que la consommation électrique au kilomètre est en moyenne deux fois moins chère que la consommation moyenne en thermique, et ce alors que la flotte électrique d’Anaveo se recharge majoritairement en itinérance, avec des tarifs en vigueur plus onéreux que sur site ou à domicile.

Des gains sur le carburant

Enfin, le gouvernement a acté, au 1er février 2024 pour l’électricité, une hausse de 8,6 % pour les tarifs normaux et de 9,8 % pour les tarifs heures creuses/heures pleines. Mais les gains économiques de la recharge par rapport aux carburants fossiles, à domicile, sur site ou en itinérance, n’en devraient pas moins perdurer, soit des dépenses divisées par deux ou par trois, comme le rapportent Étienne Chaucesse pour Anaveo et Pierre-Thomas Blaise pour Bordeaux Métropole.

Attention toutefois : les coûts de la recharge ne font pas tout. « Cette compensation vaut-elle toujours lorsque l’on tient compte du prix à l’achat du véhicule électrique ? Cette question se discute », analyse Pierre-Thomas Blaise. Qui ajoute une précision intéressante : « Une Citroën C3 thermique achetée 15 000 euros est revendue 3 000 euros après une dizaine d’années de possession, nous le savons bien. Mais avec les véhicules électriques, nous n’avons pas encore assez de recul : nous ne savons pas encore combien de temps nous pourrons les garder ni quelle sera leur valeur de revente », rappelle Pierre-Thomas Blaise.

Pour Étienne Chaucesse chez Anaveo, le véhicule électrique coûte au moins 30 % plus cher que son homologue thermique. Mais le vent tourne pour l’électrique, alors que la guerre des prix a éclaté fin 2023 avec l’annonce de la liste de véhicules éligibles au bonus électrique.

Vers une économie concurrentielle ?

Sommes-nous proches de l’avènement d’une économie concurrentielle sur la recharge aussi ? Pour Yoann Nussbaumer, de Chargemap, les tarifs de la recharge ouverte au public devraient baisser en 2024, « d’une part, car la concurrence entre les opérateurs pour proposer le meilleur prix va s’accentuer et, d’autre part, car les coûts de l’électricité se stabilisent. » À vérifier in situ.



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Intissar El Hajj Mohamed pour Floauto.com