Depuis quelques années déjà, les éditeurs de cartes de paiement de carburant ont élargi l’éventail de leurs prestations à destination des professionnels. Et leurs cartes ne servent plus seulement à faire le plein : elles servent aussi à payer des articles en vente dans les magasins des stations-service, à accéder aux stations de lavage, aux parkings souterrains en ville, aux péages, mais aussi, plus généralement, à régler tous les services de mobilité : vélos en libre-service, voitures en courte durée, etc. Et pareillement, les éditeurs de badges proposent dorénavant aux professionnels de la gestion de flotte des cartes de paiement qui, elles aussi, élargissent les services accessibles.

Payer la recharge

Le paiement des recharges aux bornes électriques fait logiquement partie des nouveaux services mis en avant. Ulys, filiale du concessionnaire d’autoroutes Vinci, a ainsi créé, l’an passé, la carte Ulys Electric Pro. Un autre concessionnaire, Sanef, diffuse le badge Bip&Go. « Dans un premier temps, nous avions lancé un service 100 % numérique avec l’application pour recharger sur environ 90 000 bornes, uniquement de son téléphone. En juin 2023, nous avons lancé la carte de recharge RFID compatible avec 300 000 points de recharge en France et en Europe, et avec la quasi-totalité des opérateurs de recharge », retrace Noémie Wederich, directrice de Bip&Go.

Pour répondre aux besoins de leurs clients, les éditeurs de badges et de cartes de paiement cherchent aussi à étendre leurs offres au plus grand nombre de réseaux. « Chez DKV Mobility, nous avons une solution de paiement pour 100 % des 100 000 stations de recharge publiques et semi-publiques en France, et pour 560 000 stations en Europe », décrit Philippe Dos Santos, directeur marché véhicules légers chez le spécialiste du paiement et des solutions de mobilité DKV Mobility. Les bornes sur les autoroutes figurent bien sûr en bonne place parmi ces points de charge. Et leur implantation s’est accélérée ces trois dernières années, suite à la parution d’un décret gouvernemental début 2021, qui visait à équiper toutes les aires d’autoroute au 1er janvier 2023.

L’accès au plus grand nombre

Pour les prestataires, il est indispensable d’ouvrir l’accès au maximum de bornes pour répondre à la demande des professionnels. À ce titre, depuis cette année, DKV donne accès au réseau de recharge Tesla. L’éditeur de cartes de paiement de carburant TotalEnergies ouvre également l’accès aux bornes avec ses cartes Fleet et Mobility Corporate. Et il multiplie, dans ses propres stations, les installations. « Avec 300 sites de recharge haute puissance à fin 2023, TotalEnergies poursuit le développement de son réseau de sites de recharge HP pour atteindre plus de 500 sites en France à fin 2026, dans le cadre d’un programme qui vise à opérer plus de 1 000 sites à horizon 2028 », indique Tarik Moufaddal, directeur solutions de mobilité France chez le pétrolier.

L’ajout de stations dans les listes de points de charge accessibles va de pair avec de nouvelles fonctionnalités dans les interfaces des prestataires. Sur son application, Ulys va par exemple lancer un planificateur d’itinéraires pour les conducteurs de voitures électriques. « L’utilisateur de l’appli ou de la carte Ulys Electric Pro pourra organiser ses trajets en fonction du type et de l’état de charge de son véhicule. Et il pourra anticiper où s’arrêter, pendant combien de temps et sur quel type de borne », expose Damien Joannes, le directeur général d’Ulys.

Diversifier les prestations

Chez Bip&Go, l’application s’enrichit aussi : « Nous avons ajouté des informations pour nos clients : emplacements des zones à faibles émissions (ZFE-m), localisation et disponibilité en temps réel des bornes, parkings réservables, etc. », énumère Noémie Wederich.

Pour les éditeurs de solutions de paiement, diversifier leurs prestations reste très important pour se démarquer des concurrents, alors que le nombre de bornes accessibles ne va bientôt plus constituer un critère distinctif. « En effet, avec le règlement européen AFIR (Alternative Fuels Infrastructure Regulation) publié l’an passé, toutes les nouvelles bornes doivent s’équiper d’un terminal de paiement par carte de crédit, et celles d’avant 2024 doivent s’en équiper dans les trois ans », rappelle Gilles d’Huiteau, président de l’éditeur de cartes de paiement C2A. Ce règlement vise à rendre l’ensemble des stations plus facilement accessibles pour les conducteurs, en misant sur le fait que les tarifs et la disponibilité de ces bornes deviendront aussi plus lisibles.

Faire la différence

Pour se distinguer, les éditeurs de solutions de paiement innovent, notamment dans leurs politiques de prix. Afin de réduire l’opacité autour des tarifs des recharges, DKV annonce son intention d’unifier les tarifs des bornes auxquelles sa carte DKV Card +Charge donne accès, « en facturant le même tarif en France, quels que soient l’exploitant de la borne (CPO, opérateur de recharge), le lieu ou l’heure de la recharge. La seule différence tarifaire se fera selon le type de recharge AC/DC. Avec cette tarification, les entreprises éviteront de perdre du temps à chercher le prix entre chaque CPO », estime Philippe Dos Santos pour DVK.

Les acteurs du paiement de la recharge veulent aussi se démarquer avec leurs solutions de gestion, en misant sur des remontées d’informations plus exhaustives et lisibles. « Nous agrégeons tous les services autour de la mobilité des collaborateurs : énergie, parking, péage, lavage, etc. Et nous proposons aux responsables de parc une solution numérique de gestion pour simplifier les processus, analyser les consommations et les optimiser », avance Damien Joannes pour Ulys.

Relier aux logiciels de gestion de flotte

Mais les éditeurs de solutions de paiement n’insistent pas sur la seule qualité des interfaces commercialisées auprès des professionnels. La plupart s’attachent aussi à améliorer la transmission des données vers les logiciels de gestion de flotte de leurs clients. « Un nombre croissant d’entreprises font appel à ces logiciels. Il est donc important de s’interfacer avec tous ces outils », souligne Philippe Dos Santos pour DKV. Un constat repris chez Bip&Go : « De plus en plus de nos clients souhaitent obtenir, dans leurs logiciels de gestion de flotte, toutes les données de consommation de leurs conducteurs, y compris celles des péages et recharges. Nous développons donc les connexions internet pour leur envoyer ces données », indique Noémie Wederich. « Chez Ulys, nous travaillons pour nous doter des API qui permettront d’intégrer nos données à des logiciels comme Phoenix ou GAC Technology. L’interfaçage sera finalisé dans les tout premiers mois de 2024 », anticipe Damien Joannes.

Mais ces passerelles de communication ne servent pas qu’à remonter les informations liées à l’utilisation des bornes sur les autoroutes. Elles remontent aussi les informations des bornes installées chez les clients, aussi bien sur leurs sites qu’aux domiciles des salariés. Une extension logique des capacités de traitement des données puisque les éditeurs de cartes de péage et de badges d’autoroute peuvent aussi installer des bornes chez leurs clients. « Nous en installons sur les parkings des entreprises et à domicile », note Philippe Dos Santos chez DKV. Ce que fait aussi TotalEnergies.

De nouveaux services

Et là encore, cette prestation peut déboucher sur de nouveaux services de gestion. Via l’interface de gestion proposée au client, DKV peut aussi remonter les informations de consommation des salariés à leur domicile pour faciliter le remboursement des dépenses. « La recharge se déclenche avec la carte DKV Card +Charge sur une borne connectée et intelligente. Toutes les transactions, les remontées de kW, éventuellement la puissance, sont communiquées au client qui peut suivre les consommations et paramétrer l’utilisation des bornes », décrit Philippe Dos Santos. Des offres qui montrent aussi à quel point l’électrification renouvelle l’éventail des tâches des responsables de parc.



Pour lire l’article complet, rendez vous sur le site de l’auteur : Source de l’article

Frédéric Blin pour Floauto.com