Des vitrages plus chers et plus techniques, voilà deux évolutions qui vont main dans la main. En effet, cette tendance s’inscrit dans une continuité : une baisse structurelle du nombre des bris de glace et, parallèlement, une augmentation constante des tarifs depuis plusieurs années. Une augmentation due à la technicité croissante des pare-brise et des aides à la conduite (ADAS) qui y sont intégrées.

À mi-chemin de 2022, la visibilité que les flottes peuvent avoir du poste vitrage, toujours plus cher donc, reste un peu confuse. La crise sanitaire n’a rien modifié à cette situation. Les incertitudes industrielles et logistiques, qui pèsent sur l’ensemble du marché automobile depuis la fin 2021, semblent ainsi l’avoir renforcée.

Enseignes du vitrage : une activité en dents de scie

D’autant qu’il y a du « flottement dans l’air » pour les enseignes du vitrage. L’an passé s’est ainsi caractérisé par une activité « en dents de scie », selon Frédéric Fourgous, directeur général d’Actiglass. Il explique : « Il y a eu comme une incapacité à prévoir, si bien que nous avons connu des records dans un sens, puis dans l’autre, des coups d’accélération, suivis de moments où il ne se passait rien. Les clients sont inquiets, ils stockent au maximum et attendent le dernier moment pour réparer ou remplacer. »

Mais le marché du vitrage est dynamique l’an passé, en dépit de ses tarifs de plus en plus chers. Toutefois, il y a dans ce dynamisme quelque chose « d’artificiel ». C’est ce que maintient Stéphane Saubesty, responsable commercial grands comptes de Mondial Pare-Brise. « Nous avons battu notre record de chiffre d’affaires, mais c’est le résultat de la hausse des prix, hausse en valeur donc. Cependant, nous ne sommes pas revenus aux lois de roulage d’avant la crise sanitaire », résume-t-il.

Un constat partagé par de nombreux prestataires, avec des nuances. Car si le télétravail continue de peser sur les lois de roulage, notamment des voitures de fonction, il y a tous les travailleurs qui vont sur le terrain : artisans, techniciens, commerciaux, etc. Et leurs véhicules sont obligés de rouler. Sans oublier, en toile de fond, la volonté des flottes d’intégrer le mieux possible l’enjeu de la sécurité des conducteurs. Mais aussi : d’aller vers une RSE (responsabilité sociétale des entreprises) plus marquée.

« Il y a quelques mois, la loi Montagne est entrée en vigueur, rappelle Rodolphe Noulin, directeur de Speedy. Les entreprises se sont alors équipées en pneus hiver, malgré l’absence de sanction pour la saison 2021-2022. Il en va pareillement avec le vitrage : quand il y a des enjeux de sécurité, les flottes s’engagent »

Vitrage plus cher : inflation et difficultés logistiques

Ces tendances paradoxales poussent flottes et prestataires à chercher à maîtriser les coûts et à optimiser les investissements réalisés. Car le vitrage n’échappe pas à la spirale que connaît le secteur automobile. Un vertige fait d’inflation et de difficultés logistiques.

« Il faut une quantité de chaleur certaine pour fabriquer un pare-brise, une chaleur produite à partir d’énergie, gaz ou autre, souligne Marie-Pierre Tanugi de Jongh, PDG d’A+Glass. Et il faut aussi compter avec la hausse du prix des colles et celle du bois qui permet le transport du vitrage. » Bref, les prix augmentent de partout.

En face, les prestataires ont une marge de manœuvre limitée. Pour sa part, A+Glass, a ajusté sa stratégie vis-à-vis de ses fournisseurs. Ainsi, il recentre ses achats en France et en Europe, ne serait-ce que pour renforcer la disponibilité des produits. « Nous essayons de contenir la hausse pour que nos clients ne la ressentent pas. Cela tiendra le temps que cela tiendra », commente Marie-Pierre Tanugi de Jongh.

Optimisation de l’offre du vitrage pour les flottes

Un vitrage plus cher n’est pas sans conséquences pour les flottes. Du côté des enseignes, cette situation suppose de s’appuyer sur une stratégie commerciale adéquate à l’égard des flottes. Comme le note Stéphane Saubesty pour Mondial Pare-Brise : « Les négociations tarifaires sont revenues au cœur des discussions. Et les services achats s’intéressent de plus en plus au vitrage, ajoute-t-il. Auparavant, nous ne négociions qu’avec les gestionnaires de flotte, plus préoccupés par la qualité du service. »

Ces exigences d’optimisation conduisent les prestataires à améliorer leurs offres et leur tarification. France Pare-Brise a par exemple redéfini son offre. Comme le précise Hadrien Fontanez, directeur commercial de l’enseigne : « Nous l’avons fait évoluer pour répondre aux attentes des responsables de parc. »

France Pare-Brise a de plus simplifié les prises en charge, la dématérialisation et la centralisation de toutes les factures. Il donne désormais la possibilité de se connecter aux outils de gestion de flotte pour optimiser le pilotage et le suivi par les responsables de parc. En bref, tout ce qui peut aider les entreprises à mieux lire les offres et leur tarification. Pour ainsi renforcer leur maîtrise du TCO de l’après-vente automobile.

Autour du vitrage, des offres et des tarifs plus clairs

« Nous travaillons avec le logiciel Lacour, expose Marie-Pierre Tanugi de Jongh. En cas d’accord national avec une flotte, nous pouvons incrémenter automatiquement les données à l’échelle nationale, comme avec la facturation. »

« Nous avons aussi notre propre logiciel qui, sur la base de l’immatriculation des véhicules, cherche les pièces manquantes, les achète et les facture, poursuit cette responsable. Ces outils nous donnent une cohérence sur les coûts, un élément important pour les flottes qui veulent des tarifs identiques pour l’ensemble de leurs filiales et succursales. »

Un autre moyen de maîtriser le budget vitrage reste de réparer le plus souvent possible. « C’est une redite mais elle se situe au cœur de nos échanges avec les flottes. L’objectif est de sensibiliser encore et toujours les conducteurs pour limiter les opérations de remplacement », pointe Clément Lornage, responsable comptes clés entreprises de France Pare-Brise.

Pour mémoire, rappelons que remplacer le vitrage coûte près de quatre fois plus cher que réparer. Et avec des pare-brise équipés d’ADAS, le rapport est d’un à sept ou huit, selon les prestataires. De quoi y réfléchir à deux fois. « Réparer quand on peut, c’est aussi moins de consommation de matières premières, et 77 % de CO2 émis en moins par rapport à un remplacement », argumente Simon Desbois, directeur des marchés entreprises de Carglass, prestataire à l’origine d’un slogan bien connu.

Martelé depuis longtemps, ce message a encore du mal à passer. « Pour les particuliers, le “réflexe Carglass“ fonctionne. Pour les conducteurs de voitures de fonction, le message passe encore mais à peine. En revanche, pour les conducteurs de véhicules de service, le message ne passe plus du tout », constate Stéphane Saubesty pour Mondial Pare-Brise.

Réparer le vitrage plutôt que le remplacer

D’où la nécessité de repenser la communication. Pour Clément Lornage de France Pare-Brise, il faut s’appuyer sur des supports adéquats et dématérialisés afin d’atteindre les conducteurs à différents moments de l’année. Et la difficulté tient dans le choix de ces moments.

« Le responsable de parc définit de bonnes pratiques et nous l’aidons à communiquer avec plusieurs supports, détaille Clément Lornage. Il définit aussi plusieurs thématiques dans l’année. Mais la difficulté que nous pouvons rencontrer, c’est justement la variété de ces thématiques. Or, le vitrage, bien que de plus en plus cher, n’est pas le poste de dépenses principal de ce responsable qui a de nombreux autres sujets de préoccupation. Mais avec la mise en place d’un partenariat, nous pouvons participer grandement à l’optimisation de ce poste. »

Et avec une communication bien conduite, l’efficacité semble indiscutable. « La sensibilisation à l’impact de la réparation, comme cela a été fait chez Veolia, donne de vrais résultats », reprend Stéphane Saubesty. De façon générale, les visites préventives au sein des flottes d’entreprise sont en hausse, note aussi ce représentant de Mondial Pare-Brise.

Et cette sensibilisation se fait souvent dans un cadre plus large, celui de l’éco-conduite, à laquelle les entreprises forment beaucoup leurs conducteurs. Rodolphe Noulin (Speedy) complète : « Ces cursus ont le vent en poupe, ils se montrent vertueux et efficaces. »

Face aux tarifs chers, des services pour réduire les coûts

Les outils d’autodiagnostic participent pareillement aux démarches de réduction des coûts. Carglass a d’ailleurs lancé une offre de ce type l’an dernier. Comme le décrit Simon Desbois : « Par téléphone, par e-mail ou en ligne, ce dispositif précise le diagnostic à effectuer sur les véhicules concernés. Il apporte de la souplesse et aide à mieux maîtriser les dépenses. ». Carglass lance aussi un service voiturier cette année, ciblé essentiellement sur les flottes en auto-assurance, grandes ou moyennes.

Economies sur le vitrage grâce aux ADAS

Enfin, les aides à la conduite, destinées à améliorer la conduite et la sécurité, peuvent contribuer à optimiser le vitrage. Ces ADAS font baisser indirectement le poste de l’après-vente puisqu’elles sont censées diminuer la sinistralité. Ce que valide Simon Desbois : « Des flottes très équipées en ADAS constatent une économie réelle. »

Cela étant, peu de données existent sur ces gains. Carglass cite une enquête d’Allianz Zentrum für Technik, filiale allemande d’Allianz et spécialiste des études sur la sécurité automobile. D’après cette étude datée de 2019, les ADAS auraient divisé par deux le nombre d’accidents dus à un choc arrière. Cette évolution à marche forcée vers les ADAS, d’autant plus importante que la réglementation européenne l’exige, coûteuse pour tout le monde, va bien finir par porter ses fruits.



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Hakim Remili pour Floauto.com