Würth France

Würth France compte plus de 4 000 collaborateurs dont 3 100 se consacrent à la vente. Pour leurs déplacements, 3 000 véhicules sont en parc avec 85 % de VP et 15 % de VU dont quelques fourgons, tous financés en LLD.

Concerné par la loi d’orientation des mobilités (LOM) publiée en décembre 2019, Würth France se dit « contraint » d’inclure un pourcentage de véhicules à faibles émissions dans ses renouvellements annuels. « Notre parc roule principalement au diesel mais nous sommes en train de le verdir en nous tournant vers d’autres motorisations comme l’essence, l’hybride simple et l’électrique », présente Boyan Pechev, responsable de la flotte automobile. Tout en précisant que l’entreprise souhaite s’orienter plus vers le 100 % électrique que l’hybride rechargeable (lire l’encadré Le cas de l’hybride rechargeable).

L’électrique s’installe

Boyan Pechev, responsable de la flotte automobile de Würth France
Boyan Pechev, responsable de la flotte automobile de Würth France.

« Avec nos lois de roulage, nous nous situons sur une moyenne de 3 200 km parcourus par mois, pour une durée de détention comprise entre 36 et 48 mois. Pour notre cinquantaine de véhicules électriques déjà en parc, nous sommes partis sur des contrats de 30 000 km par an. Et ces contrats sont ajustables en durée ou en kilométrage du fait que nous n’avons pas encore le recul suffisant sur cette motorisation », complète Boyan Pechev.

Poussé par la réglementation et par une volonté de décarbonation, Würth France souhaite électrifier son parc. « Si la tendance du marché tend à dire que l’électrique est une solution, personne ne peut encore prédire si c’est la seule. D’autant plus que les constructeurs misent aussi sur d’autres motorisations : hybrides notamment rechargeables, hydrogène, etc. Et plusieurs freins existent à l’électrification d’une flotte, notamment avec la diversité des acteurs qu’il s’agit d’identifier : fabricants et installateurs de bornes, administrations pour la réglementation, constructeurs, syndics, utilisateurs suivant les lois de roulage et la possibilité de recharge. Nous avons plusieurs partenariats avec des sociétés capables de nous accompagner sur les voitures électriques et les bornes de recharge », explique pour sa part Claude Kopff, président du directoire de Würth France.

Le 100 % électrique en ligne de mire

Claude Kopff, président du directoire de Würth France.
Claude Kopff, président du directoire de Würth France.

Malgré ces freins, l’électrification de la flotte ne constitue pas une option. « Notre stratégie est extrêmement claire : nous voulons pousser nos collaborateurs vers le 100 % électrique. Il y a quelques semaines, les responsables de la formation et ceux de la flotte sont intervenus devant l’ensemble des managers. Ils leur ont dit que nous n’allions plus suggérer le véhicule électrique, mais plutôt l’imposer quand cela est possible », annonce Claude Kopff.

« Notre président m’a confié, avec notre gestionnaire de flotte, le soin de convertir nos conducteurs à l’électrique. Pour nous aider à adopter cette stratégie, nous nous sommes rapprochés il y a deux ans d’un cabinet de conseil. Celui-ci nous a renseignés sur les différents acteurs du marché (lobbys de l’électrique, constructeurs, pétroliers, etc.) et les complexités que nous allions rencontrer avec la conversion de la flotte. Il existe en effet des freins dans le marché automobile, surtout dans le segment B que nous utilisons le plus. Le prix des batteries est, proportionnellement à ce segment, très cher, ce qui a un impact sur le prix de vente et le TCO. Les batteries sont plus petites et donc l’autonomie aussi », renchérit Philippe Zimmerer, adjoint du président.

« Enfin, les gammes proposées ne sont pas homogènes dans ces marchés : certains constructeurs sont en avance et d’autres en retard. Sans parler des délais de livraison longs et incertains. En plus de la LOM et de nos propres engagements de décarbonation, nous avons aussi des contraintes liées au marché puisque nous avons des clients grands comptes qui souhaitent mesurer nos efforts de verdissement de la flotte et qui intègrent ce paramètre dans leurs appels d’offres », ajoute Philippe Zimmerer.

Changer les mentalités

À l’arrivée d’un nouveau véhicule électrique, Würth France accompagne ses conducteurs avec une prise en main. « Cette prise en main est vraiment adaptée au véhicule électrique par rapport à un véhicule classique. Nous avons rédigé un guide afin de partager les bonnes pratiques avec une synthèse étape par étape : comment utiliser les véhicules, comment optimiser la recharge, etc. Nous accompagnons aussi les conducteurs au quotidien en cas de problème. Mais globalement, nous sommes satisfaits », souligne Boyan Pechev.

Philippe Zimmerer, adjoint au président et responsable formation de Würth France.
Philippe Zimmerer, adjoint au président et responsable formation de Würth France.

Sans oublier que l’électrification du parc relève d’un autre grand défi : « changer les mentalités ». « Les conducteurs ont souvent des idées préconçues sur l’électrique. Le but est de les débusquer afin de distinguer le vrai du faux. Pour cela, nous avons mis en place des formations avec des webinaires pour expliquer aux collaborateurs le fonctionnement de l’électrique. Nous avons aussi un site d’autoformation interne qui met en avant le bon usage d’un véhicule électrique avec des conseils sur le pré-conditionnement des batteries, l’utilisation des applications de recharge, comme ABRP (pour A Better Route Planner) ou Chargemap, pour retrouver facilement des bornes, etc. En parallèle, nous écrivons des articles dans notre magazine interne pour convaincre les conducteurs de l’intérêt de l’électrique en nous appuyant sur les conducteurs déjà équipés », détaille Philippe Zimmerer, en sa qualité de responsable formation (lire les articles sur les bornes de recharge sur site et à domicile).

S’appuyer sur les volontaires

Pour l’instant, Würth France a surtout équipé les « volontaires » en électrique. « Nous nous adressons à une population d’encadrants équipés de véhicules de fonction. L’objectif est de disposer de relais sur le terrain pour développer et promouvoir l’électrique auprès des autres conducteurs », explique Boyan Pechev.

« Ces personnes volontaires se sont autoformées en cherchant les réponses à leurs questions. Ce qui sera plus difficile, ce sont les personnes moins aguerries. Avec elles, nous devrons aller plus loin en matière de formations en nous appuyant sur nos outils déjà déployés. À l’usage, les véhicules électriques offrent l’avantage d’une maîtrise du TCO : on connaît exactement leur consommation en kilowatts, sachant que le kW est actuellement moins cher qu’un litre de sans-plomb 95 à la pompe. C’est moins vrai avec un PHEV car sa consommation dépend beaucoup du comportement du conducteur », explique Philippe Zimmerer. Un responsable qui est lui-même équipé de deux véhicules électriques, l’un à usage professionnel, l’autre personnel.

Passer le message

« Le premier frein psychologique du conducteur est : combien de kilomètres pourrai-je parcourir avec ma voiture électrique ? Une question qui concerne parfois plus l’usage privé de la voiture que l’usage professionnel. Nous levons de plus en plus ce frein en équipant nos collaborateurs de bornes de recharge à domicile et dans nos magasins afin de créer un réseau pour l’usage professionnel. Concernant l’usage personnel, le réseau de recharge en France a énormément progressé ces dernières années. Je pense aussi que les premiers équipés vont passer un message aux autres : “L’électrique est mieux que je ne le pensais” », espère Claude Kopff.



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Julie Vénier pour Floauto.com